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L'épine calcanéenne chez le sportif

Rentrant dans le vaste groupe des « talalgies » (douleurs du talon), l’épine calcanéenne également appelée épine de Lenoir est une excroissance osseuse en forme d’épine située au point d’insertion de l’aponévrose plantaire sur le calcanéus, c’est-à-dire sous le talon. Elle est le résultat d’une hyper-sollicitation de l’aponévrose plantaire, c’est-à-dire de tractions anormales (répétées, trop intenses ou trop longues) de l’aponévrose.

Ces tractions entraînent des petites déchirures au niveau du point d’insertion de l’aponévrose au talon, aboutissant à une inflammation locale. Cette inflammation, lorsqu’elle dure dans le temps, devient chronique et entraîne le développement de cellules osseuses formant une petite épine qui est, en définitif, le témoin de la traction de l’aponévrose plantaire.

Symptômes

La douleur est le principal signe qui amène la personne à consulter, mais contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce n’est pas l’épine qui est à l’origine de la douleur mais bien l’inflammation en rapport avec les tractions et les déchirures de l’aponévrose plantaire.

En effet, une personne peut très bien présenter une épine calcanéenne sans que celle-ci ne soit douloureuse.

Ainsi, on peut affirmer qu’une épine calcanéenne ne sera douloureuse que si elle est accompagnée d’une inflammation de l’aponévrose plantaire : on parle d’aponévrosite plantaire.

Les douleurs siègent donc sous le talon mais peuvent avec le temps s’étendrent le long de l’aponévrose plantaire, c’est-à-dire sous la plante du pied. Ces douleurs sont aiguës avec parfois la sensation de déchirure ou de clous.

Elles sont souvent intenses le matin au lever, liées à la mise en tension de l’aponévrose plantaire lors des premiers pas de la journée. Elles se calment peu à peu mais reviennent à la marche prolongée. Lors de la pratique sportive, les douleurs sont souvent intenses au début de l’activité, se calment ensuite, mais reviennent à la fin ou après l’entraînement. Des tests simples permettent de retrouver la douleur, il faut alors mettre en tension l’aponévrose plantaire en se mettant sur la pointe des pieds ou palper le dessous du talon, plutôt en dedans.

Cependant, même si le diagnostic est souvent posé à l’examen clinique, seul la radiographie permet de visualiser l’épine calcanéenne.

Catégories de personnes touchées

3 catégories de personnes sont prédisposées : les sportifs, âgées et obèses.

En effet, les personnes âgées présentent souvent un capiton plantaire maigre, celui-ci ne joue alors plus son rôle d’amortisseur et l’aponévrose plantaire est alors surexposée. Les personnes obèses sont quant à elles privilégiées puisque leurs pieds vont subir des contraintes beaucoup plus intenses que la normale en supportant tout le poids du corps. Or, c’est l’aponévrose plantaire qui permet au pied de s’adapter au sol en répartissant les pressions plantaires.

Enfin, les sportifs sont les plus exposés à ce type de lésions (épine calcanéenne + aponévrosite plantaire), essentiellement quand il s’agit d’un sport portant.

Sport et Causes

L’épine calcanéenne & l’aponévrosite plantaire, intimement liées, sont des pathologies « multisports » retrouvées dans bon nombre d’activités physiques portantes nécessitant des pas de courses, sauts, sautillements et autres pivots.

La randonnée, la course à pied (surtout le demi-fond et le fond) et le saut sont des sports qui nécessitent un nombre incalculable de pas et de foulées dans lesquels le rôle de l’aponévrose plantaire est primordial pour amortir le contact du pied avec le sol et répartir les pressions plantaires, en gérant l’équilibre entre les forces qui doivent être absorbées lors de l’attaque du talon au sol et les forces nécessaires au décollement de la pointe du pied lors de la propulsion.

 

Cette « hyper-sollicitation » va user petit à petit l’aponévrose plantaire qui pourra finir par ne plus pouvoir encaisser ces tractions ; apparaissent alors les déchirures au niveau de l’insertion à l’origine de l’épine et de l’inflammation.

 

De la même manière, les sports en salle tels que le basket-ball, le hand-ball ou le volley-ball entraînent souvent ce type de lésions, de part les nombreux sautillements, sauts et autres pivots très traumatisants pour l’aponévrose plantaire.

 

Evidemment, toutes les personnes pratiquant de tels sports ne sont pas sujettes à cette pathologie, rentrent en jeu outre le sport pratiqué, la statique du pied.

 

En effet, les sportifs présentant un pied plat ou un pied creux sont plus exposés car lorsque le pied est plat, il est effondré, l’aponévrose plantaire est alors étirée et perd son jeu élastique de ressort qui lui permettait de faciliter l’adaptation du pied au sol en répartissant les forces d’amortissement et de propulsion.

 

Par ailleurs, en cas de pied creux, l’aponévrose est rétractée et va de la même manière perdre son élasticité.

 

De plus, il faut savoir que le tendon d’Achille se continue sous le pied par l’aponévrose plantaire, ces 2 éléments (tendon et aponévrose) sont reliés par le calcanéus (l’os du talon) qui sert de poulie. On parle du « système suro-achilléo-calcanéo–plantaire ». L’aponévrose plantaire et le tendon d’Achille étant intimement liés, il va de soit qu’en cas d’anomalies de ce dernier (rétraction, finesse…) l’aponévrose plantaire travaille dans de mauvaises conditions et est alors exposée à une inflammation qui pourra se matérialiser par une épine calcanéenne.

 

De plus, de nombreux autres facteurs entrent en jeu notamment le surentraînement (qui fatigue l’aponévrose plantaire), une mauvaise technique sportive (qui fait travailler le pied dans une mauvaise position) ou un chaussage inadapté. Dans ce dernier cas, il est très important de bien choisir ces chaussures, qui devront être adaptées au sport pratiqué. Il n’y pas de chaussures « multisports », lorsqu’elle n’est pas adaptée, la chaussure ne maintient pas le pied, et peut même aggraver un trouble statique existant. Ainsi, il faut et ce pour n’importe quel sport portant, que votre chaussure soit bien rigide au niveau du talon (contrefort) et que la semelle ne soit pas trop fine pour être suffisamment amortissante.

Traitement

Dans un premier temps le traitement vise en toute logique à soulager les douleurs.

Pour cela il est important comme dans tout cas d’inflammation de respecter un repos sportif partiel en cas de douleurs légères ou total en cas de douleurs intenses.

  • Glacer le dessous du pied (talon + plante) pendant 15 minutes après chaque effort pour diminuer l’inflammation (petit sac de glace émiettée)

  • Porter des chaussures maintenant bien le pied (contrefort rigide, dénivelé entre l’avant et l’arrière > 1.5 cm) et pouvant se prêter à l’adaptation éventuelle d’une paire de semelles orthopédiques

  • Faire des exercices d’étirement pour assouplir l’aponévrose plantaire (cf : prévention)

Outre ces mesures « d’automédication », il sera par ailleurs utile de consulter un médecin ou un podologue qui posera le diagnostic à l’issue d’un examen clinique ou podologique minutieux à la suite duquel le praticien prescrira éventuellement une radiologie pour visualiser l’épine calcanéenne.

Par ailleurs, le médecin sera susceptible, en cas de douleurs intenses, de prescrire des médicaments anti-inflammatoires tandis que le podologue pourra réaliser une paire d’orthèses plantaires sur mesure destinée, d’une part à amortir le contact du talon avec le sol via une petite talonnette amortissante, et d’autre part à corriger d’éventuels troubles de la statique du pied ayant favorisé l’apparition de l’inflammation (pied plat, pied creux…)

Prévention

Conclusion

Ces lésions du pied du sportif sont invalidantes mais possible à prévenir par différentes mesures décrites dans cet article, il est donc important de prendre soin de ses pieds et de leur environnement car n’oublions pas que ce sont eux qui nous portent… ou nous transportent !

Source : Alexandre Cherpin, Podologue du sport | Magazine de la prévention de l’union française pour la santé du pied (UFSP)

Deuxième étape dans le processus du traitement, la prévention a pour but d’éviter la récidive de l’inflammation, car évidemment une fois constituée, l’épine reste présente sous le talon, mais de manière « asymptomatique », c’est-à-dire sans douleur.

La prévention passe par l’amélioration du geste sportif, le port de chaussures adaptées au sport, la correction des troubles statiques ou dynamiques du pied par des orthèses plantaires et une reprise progressive de l’activité.

De plus, des exercices d’étirements de l’aponévrose plantaire peuvent être très utiles ; ils permettront d’assouplir le pied et de le rendre moins vulnérable aux tractions.

Ils doivent être pratiqués régulièrement et graduellement, les mouvements seront quant à eux doux et lents, sans jamais être douloureux.

De nombreux exercices existent, en voici quelques exemples :

  • Assis, par exemple le soir en regardant la télévision amusez-vous à attraper une serviette posée par terre en l’agrippant avec vos orteils, tenez 6 secondes et renouvelez l’opération 5 fois. Ensuite, mouillez la serviette, alors plus lourde et renouvelez l’opération 5 autres fois. Cet exercice permettra de renforcer les muscles fléchisseurs dont l’action est de concomitant de l’aponévrose plantaire.

  • Autre exercice assis, de préférence à pratiquer le soir pour détendre et assouplir l’aponévrose plantaire, roulez votre plante de pied sur une bouteille en verre posée par terre.

  • Debout, amusez-vous à montez sur la pointe des pieds puis à redescendre, faites l’opération doucement une dizaine de fois et recommencez la séance 3 à 4 fois.

  • Après quelques jours de pratique régulière, amusez-vous à faire cet exercice sur le bord d’une marche, ainsi lorsque votre pied descend, il s’abaisse plus bas que l’avant pied, vous étirez alors davantage le système suro-achilléo-canéo-plantaire.

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